Quand tout quitter pour recommencer ailleurs devient geste d’espoir et de grande joie pour les siens. C’est la prémisse de l’histoire de Serges Nzie Ngoua et de sa conjointe Caroline Kengne Deboua Epse Nzie, tous deux d’origine camerounaise, qui ont mis un pied pour la première fois en sol canadien le 3 mai 2024 dernier, en vue d’y installer leur petite famille. Le couple est arrivé en mode éclaireur le temps de se créer de nouveaux repères et de tricoter la nouvelle terre d’accueil qui leur permettrait d’accueillir ensuite leurs enfants. Entre connexion humaine et apprentissages, le duo s’est déposé à Trois-Rivières, pas trop loin du pont Laviolette!
Rêver plus grand pour ses enfants
Serges est le petit avant-dernier d’une grande famille de sept enfants, mais il est le premier à avoir pris l’avion pour se déposer au Canada. De grandes chaussures à chausser selon lui : « Vous êtes un espoir pour la famille, vous avez cette double responsabilité d’aller et de grandir. » Avant d’avoir le cap sur Trois-Rivières, Serges et Caroline avaient d’abord les yeux sur une meilleure qualité de vie pour leur famille, mais encore plus, une sécurité pour l’avenir de leurs trois enfants, bientôt quatre! À la recherche d’opportunités professionnelles et d’un endroit où les gens sont reconnus à leur juste valeur, l’idée de s’installer au Canada germait tranquillement en projet. Loin d’être un coup de tête, la décision aura pris trois ans à se ficeler dans leur tête. Le couple partirait d’abord sans les enfants, laissés aux bons soins de la famille élargie, pour pouvoir les accueillir en terrain connu. Le pont Laviolette, qui a longtemps été objet de contemplation pour Serges, deviendrait en quelque sorte un phare pour orienter cette nouvelle aventure.

Le relationnel : la clé de l’intégration
Le processus d’immigration de Serges et de Caroline a été marqué par plusieurs personnes de cœur. Durant leur période de réflexion, ils ont fait la rencontre de l’une d’entre elles dans un groupe Facebook, Sylvie Desmet, psychologue basée à Trois-Rivières. À travers leurs échanges, ils ont pu récolter les informations pertinentes pour orienter leurs décisions : comment ça se passe pour les nouveaux arrivants, les différentes villes intéressantes et leur mode de vie, etc. C’est au sein de cette même communauté en ligne qu’ils ont pu entendre les belles histoires de gens qui s’étaient installés au Canada et pour qui la vie avait changé du tout au tout et pour le mieux. Serges et Caroline en sont venus à la décision d’atterrir à Montréal, le 3 mai, puis de se déposer pour trois semaines chez une gentille famille d’accueil. En plus d’un toit, cette famille a offert un véritable coup de main pour faciliter l’intégration en les accompagnant dans quelques étapes essentielles : acheter une carte d’autobus, prendre le métro, ouvrir un compte bancaire et acheter un téléphone. Ces trois semaines auront permis de fixer la base, puis de décider où le couple s’ancrerait. La recherche de l’équilibre entre modernité et tranquillité, le coût de la vie, l’accessibilité aux ressources (logement, emplois, etc.) et l’amour de longue date de Serges pour Trois-Rivières auront été les derniers arguments favorables pour s’installer à cet endroit. Avec l’aide de l’organisme INICI de Montréal, de Jacynthe, responsable du projet de régionalisation en Mauricie, et de leur maintenant amie Sylvie Desmet, Serges et Caroline se déposeront à Trois-Rivières en vue de défaire leurs bagages.
Persévérance pour trouver un emploi
Ils ont d’abord passé quatre jours à postuler pour des emplois en ligne et à déposer physiquement leur curriculum vitae. C’est Caroline qui décrocha le premier emploi chez Sketchers au centre commercial Les Rivières. La seconde étape : trouver un logis! Un autre petit apprentissage les attendait. Contrairement au Cameroun où il est possible de trouver une maison à tout moment de l’année, la très grande majorité des baux au Québec se renouvelle le 1er juillet de chaque année. En plein mois de mai, c’était donc un beau défi de trouver où la famille de Serges déposerait pour de bon ses valises. C’est donc un appartement meublé sur la rue Laviolette au centre-ville qui les accueillera temporairement jusqu’en juillet. Pour naviguer dans cette période de transition, Serges et sa conjointe ont bénéficié d’aide d’organismes pour assurer leurs besoins alimentaires ainsi que de l’aide de Jacynthe pour poursuivre la recherche d’emploi de Serges.
Trouver un travail a été parmi les embûches les plus importantes pour Serges. En peaufinant ses documents ainsi que sa méthode pour postuler davantage en présentiel, il décrocha son premier emploi après un mois de recherche active. Il aura passé chez deux autres employeurs pour se sentir enfin à sa place dans un milieu de travail. De son côté, Caroline a trouvé un nouvel emploi dans son domaine chez Desjardins quelques mois plus tard, lui assurant la sécurité d’emploi convoitée par le couple qui a récemment accueilli leur quatrième enfant et la possibilité de continuer sa carrière dans le domaine financier.

Loin des siens et de sa culture
Chaque période de grands changements s’accompagne inévitablement d’un peu de chaos! Serges et Caroline ont fait face à quelques défis avant de bien s’enraciner sur le territoire mauricien. Le premier grand défi fut de surmonter la mélancolie de départ, la nostalgie de quitter le pays, la famille, les amis et tous les souvenirs. La peur de l’inconnu a également fait partie de ces différentes émotions à traverser. Une autre séparation, temporaire, mais tout aussi crève-cœur, était celle avec les enfants, le temps de préparer le terrain. Les enfants sont restés avec la petite sœur de Caroline, qui habitait avec eux depuis déjà trois ans. Cette présence rassurante a permis de conserver la chaleur familiale auprès des enfants malgré la distance. Il y a toutefois eu plusieurs appels difficiles dans le processus à consoler les enfants pour compenser les kilomètres qui les séparaient. Au-delà des défis pour mettre en place la base (logement, nourriture et travail), Serges a aussi rencontré quelques défis sur le plan des codes interrelationnels. L’accent québécois amène un état d’attention et de vigilance constante pour un nouvel arrivant. Serges a dû s’adapter également à la communication non verbale et aux codes sociaux contrastants avec l’environnement très social et communautaire duquel il a grandi. Les échanges plus polis que francs ont également confronté Serges, particulièrement dans le milieu professionnel. L’ouverture et l’observation auront été ses plus grands alliés.
Foncer, bien entouré!
Aujourd’hui, la famille réunie en sol canadien, avec une petite future Canadienne en route pour s’ajouter à la famille, Serges regarde ce parcours avec reconnaissance. Être armé de courage et de détermination, c’est essentiel pour y arriver selon lui. Il conseille aussi de bien se préparer, de se renseigner et de miser sur le relationnel. Il est même vital pour lui de tisser des liens de confiance avec des personnes clés et de se rapprocher des organismes disponibles pour faciliter l’installation des familles. À tout ça, il faut mettre de côté les hésitations, les a priori ou les craintes et il ne faut pas avoir peur de poser des questions. Serges est de ceux qui croient que les relations humaines sont la plus grande richesse, mais ça n’a jamais été aussi vrai que dans cette grande aventure! On félicite Serges et Caroline, qui, au moment d’écrire ces lignes, ont accueilli leur petite fille dont la naissance était prévue pour le début d’avril!
Merci pour ce beau partage.